Addictions, et l’entourage dans tout ça ?

 
 

Addictions et société

Notre modèle sociétal – dit de consommation – prône l’idéologie hédoniste, la réussite personnelle. Il pousse ainsi chacun à se centrer sur lui-même.

Je reçois de nombreux témoignages et j’entends de nombreux individus parler de la pression ressentie et des attentes fortes sur la façon de mener leur vie professionnelle, leur vie personnelle et familiale.
Ces éléments (et d’autres encore) favorisent l’augmentation des facteurs de vulnérabilité de l’addiction comme l’anxiété et induisent une société de plus en plus addictogène.

Il est effectivement difficile aujourd’hui de ne pas être impacté·e directement ou indirectement par ces problématiques.

Dans ce contexte, tout ou presque tout peut devenir addictif : les écrans, les jeux de hasard et d’argent, les jeux vidéos, le shopping, les médicaments, le sport, l’alimentation, le tabac, l’alcool, le travail…

À l’heure où le mot bienveillance est employé partout et tout le temps, beaucoup de personnes expriment un besoin d’écoute, de reconnaissance et d’accompagnement pour faire face.

Sur mon chemin professionnel, j’ai rencontré des familles en demande de soutien éducatif. J’ai constaté effectivement cette recrudescence des problématiques addictives aussi bien pour les adultes que pour les enfants.

L’entourage : un acteur incontournable à soutenir

Pour sortir de l’addiction et prévenir la rechute, le rôle de l’entourage est essentiel !
Quand je parle entourage ici, ce terme renvoie plus spécifiquement à la famille, aux proches.
Cependant, il est rarement pris en compte que ce soit dans son besoin de mise en mots, de compréhension et d’information.

Il serait pourtant essentiel de faire de l’entourage un acteur incontournable de prévention et le cas échéant de l’accompagnement de la personne souffrant d’addiction.

Pour information et/ou rappel qu’est-ce que l’addiction ? (cf mon article « Qu’est-ce qu’une addiction ? »)

Il existe de nombreuses définitions de l’addiction et il n’est pas aisé pour le grand public de saisir le sens de ce mot fréquemment usité.

L’image utilisée par le Dr Karila, psychiatre addictologue, des 5C de l’addiction est, selon moi, éclairante :

  • Contrôle (perte de contrôle)

  • Consommation (envie irrépressible de consommer)

  • Compulsion (activité compulsive)

  • Continu (usage continu)

  • Conséquences (usage continu malgré les conséquences négatives)

L’addiction, aussi une affaire de famille et de proches

Au-delà des conséquences négatives ou délétères pour l’individu lui-même souffrant d’addiction ou de dépendance, l’addiction est aussi une affaire de famille (et de proches).

En effet, les addictions d’UN membre de la famille vont toucher la famille dans son ensemble et même au-delà : famille élargie, amis, voisins…

Elles impactent les relations intra-familiales et extra-familiales de façon singulière.

Quand une personne souffre d’addiction, le quotidien s’en ressent mais aussi l’avenir tout en faisant référence à une histoire.

Il paraît donc essentiel de traiter de la problématique à deux niveaux :

  • sur un plan familial avec les relations intrafamiliales

  • sur un plan plus individuel à savoir l’impact sur chacun et la façon distinctive dont l’addiction résonne.

Les conséquences de l’addiction sur l’entourage

Des familles concernées par un problème addictif, nous pouvons dégager des traits communs et récurrents comme :

  • la honte,

  • la culpabilité,

  • une mésestime de soi,

  • le déni,

  • le sentiment d’insécurité et l’inquiétude,

  • les variations d’humeur,

  • la colère,

  • la compassion.

Tous ces traits concernent autant la personne dépendante que ses proches, sa famille. L’addiction est centrale tant elle occupe les esprits des uns et des autres et « rythme » la vie familiale sans qu’aucun mot ne puisse être posé dessus bien souvent.

Elle est comme un membre à part entière de la famille.

L’environnement et plus spécifiquement la famille joue un rôle primordial dans le phénomène de l’addiction. Il est donc évident que l’entourage soit reconnu par les addictologues comme un pilier, un soutien indispensable et un allié.

Mais au-delà de la reconnaissance théorique et somme toute prouvée pour bien des personnes accompagnées, il apparaît urgent de généraliser et de systématiser les accompagnements des familles par des séances d’information notamment et de leur « donner un script » par rapport au rôle qu’elles ont à jouer.

Quelques conseils pour soutenir l’entourage

Je propose ici de vous délivrer quelques conseils pour aider, soutenir un proche souffrant d’addiction qu’il s’agisse de votre conjoint(e), un frère ou une sœur, un ami(e), un parent :

  • En tout premier lieu, reconnaître la problématique à laquelle la personne est confrontée. En reconnaissant, aussi douloureux soit-il, vous sortez de la dénégation et d’un possible tabou familial. J’ai très souvent entendu : « Tout le monde sait mais personne ne dit rien »

  • Éprouver de l’empathie et tenter autant que possible de comprendre, ce qui ne veut pas dire tout accepter bien sûr ! Une addiction est le symptôme d’un mal-être et le témoignage visible d’une souffrance, d’une difficulté massive à affronter le quotidien…

  • Vous n’aidez pas en cachant les produits (alcool, tabac, médicaments, console…) ou en tentant de contrôler, de stopper le comportement.

Vous amenez du déséquilibre dans la relation et une victimisation possible de la personne souffrant d’addiction.

  • Éviter tout ce qui va être du registre du chantage affectif, de la moralisation, de la menace… Parfois, tout cela se loge dans nos discours sans que nous n’y prenions garde

  • Faîtes vous aider !

En tout premier lieu pour être informé·e.

En deuxième lieu, pour être accompagné(e) par rapport à la place à prendre pour en faire et dire ni trop, ni trop peu, tout en vous respectant.

Il n’est pas chose aisée que de vivre ou d’être proche d’une personne souffrant d’addiction. Vous avez besoin d’énergie et d’être vous-même soutenu(e) pour soutenir !

Tous ces conseils ne sont pas transposables s’il s’agit d’un enfant.

Dans un prochain article, je vous parlerai de l’addiction des enfants et adolescents.

En conclusion :

Être dans l’entourage proche d’une personne souffrant d’addiction peut pousser à se placer comme « sauveur », « infirmier » et donc se retrouver en situation d’échec.

Un accompagnement et une aide extérieure sont précieux et surtout utiles dans ces problématiques complexes avec des enjeux relationnels forts.

Vous êtes concerné·e par la dépendance d’un proche ? Vous ressentez le besoin d’être accompagné·e ?

Je suis à votre disposition pour un temps d’échange gratuit et sans engagement.

Vous pouvez prendre rendez-vous ici.

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